Leo Bioret / MEZLI VEGA OSORNO
Mezli Vega Osorno
Texte d'artiste, 2011

Les séries de Mezli Vega Osorno présentent la création de véritables environnements photographiques. Elle propose une perception de « l’envers du décor ». En utilisant le potentiel de chaque lieu et situations photographiques, ses images se situent à la frontière entre mise en scène et réalité d’un lieu. Son travail semble être à la recherche d’un équilibre photographique constant dans l’image. Elle sème le trouble, créant ainsi, au sein de ses photographies une ambigüité qu’elle entretient constamment. L’artiste parle même d’incertitude donnée à l’image ou à la situation. Mezli Vega Osorno ouvre les frontières photographiques pour mieux proposer un « Etat des lieux ». Un mouvement persistent semble présent dans l’ensemble de son travail. La photographe travaille la composition dans un temps donné, celui de la prise de vue. Ce travail dans l’instant donne un statut éphémère aux images qu’elle propose et laisse dans le temps et l’espace un mouvement palpable, une situation en attente. Cette approche très cinématographique du temps suspendu et d’un état d’ « entre-deux » de l’image est traité de manière très juste dans deux séries réalisées en 2009.
Entre deux rives :
Cette série réalisée sur le mode de la promenade, de la rencontre d’un lieu ou d’une situation questionne l’orientation du regard et le sens de l’image. Certaines photographies nous propose d’aller « au-delà » de l’image. Elle propose ainsi de véritables « scènes » propices aux questionnements quant à leurs situations dans l’espace. Une atmosphère assez déroutante et trouble se lit dans ces photographies que l’on pourrait retrouver chez David Lynch. Tour à tour se jouent des duos improbables et poétiques entre « décors » architecturaux, action de la nature et de l’être humain. Ses confrontations photographiques ne sont pas construites au préalable, la photographe opère ses choix en fonction du lieu qu’elle rencontre.
S. De Luxe :
Cette série de dix photographies a été réalisée aux Pays-Bas, dans un lieu alternatif occupé par plusieurs artistes qui en ont fait leur atelier de travail. La création artistique et son processus de développement dans le temps et l’espace est captée par la photographe. Elle a choisit de réaliser des images à l’univers très graphique, proches des compositions visuelles abstraites et de l’arte povera. Les objets et les détails sont tous ramené sur le même plan. Chaque « tableau » propose une organisation photographique des traces de la création artistique. Ces lieux quasiment insaisissables présentent un processus artistique constamment en mouvement. Comme un tableau auquel on apporterait sans cesse des modifications. Le geste créateur est photographié sans son acteur et sans aucun élément temporel visible. Les possibles transformations d’un lieu, qui devient une scène de « restes » artistiques.
« Je travaille à partir d’un existant sur lequel j’interviens dans une certaine mesure. Mon but est alors de ramener tous les objets, les détails, sur le même plan. Je ressens un potentiel dans un lieu, dans l’espace et les objets qui s’y trouvent. Je m’applique à le révéler et a le fixer. »
Mezli Vega Osorno présente également la série De Fabriek, qui est un dialogue direct avec la série S. De Luxe. En donnant une certaine liberté aux personnages lors de la prise de vue, elle les représente dans leur lieux de travail. Le geste créateur est alors identifié et le mouvement latent dans la série S. De Luxe est alors libéré en donnant aux artistes photographiés l’impression d’être dans leur propre tableau.

Léo Bioret, Aurélien Pelletier

crédits: Mezli Vega Osorno, "S. De Luxe", 2010